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 30 octobre 1870

Au Bourget

3ème jour…   30 octobre 1870

 

Au matin, de nouveaux groupes de Gardes Mobiles désertent leurs postes : il ne reste que 66 hommes sur les trois bataillons en haut du BOURGET, les Chefs ferment les yeux.

 

De l'autre côté, chez l'ennemi, le prince royal de Saxe a donné l'ordre à la Garde de reprendre immédiatement le Bourget. Vers 7h00, du Fort de ROMAINVILLE, on peut voir des mouvements de troupes.

 

L'observatoire de SOLFERINO constate, vers 9h00, que des colonnes ennemies contournent le BOURGET. La vigie de SAINT-DENIS informe le Général De BELLEMARE du mouvement, et que des colonnes considérables tournent vers le BOURGET.

 

Une erreur de commandement  fait qu'aucun renfort ne parvient à temps : De BELLEMARE comptait sur le Colonel HANRION qui devait se trouver à cette heure au BOURGET avec 3.000 hommes… il diffère son départ vers les points menacés (10).

 

En fait, il n'y a que 1.800 hommes présents. Deux bataillons emmenés par le colonel HANRION doivent remplacer les hommes du Colonel MARTIN, sur place depuis deux jours, et garder les prisonniers.

 

En raison des mouvements de l'ennemi, DRANCY et BOBIGNY sont renforcés et sous les ordres du Colonel SALMON qui informe le Colonel MARTIN de l'arrivée de marins. Le village du BOURGET se trouve à ce moment défendu par deux pièces d'artillerie, une mitrailleuse et 1.800 hommes (ceux qui n'ont pas déserté).

 

Chez l'ennemi, on compte environ 25 000 Prussiens, composés de bataillons spéciaux, de l'artillerie divisionnaire, de l'artillerie de corps appuyés par la cavalerie de la Garde : c'est avec une armée entière et de troupes d'élites, que les Allemands vont s'en prendre au village du BOURGET.

 

Face à cette armée, De BELLEMARE dispose de deux pièces de 4, d'une mitrailleuse pour le BOURGET et de deux pièces de 12 pour la COURNEUVE. La troupe se compose de 700 hommes du 28ème  de marche, sous les ordres du Commandant BRASSEUR ; 200 hommes du 12ème  bataillon des mobiles de la Seine, sous les ordres du Commandant Ernest BAROCHE ; 450 hommes du 14ème  bataillon de mobiles, sous les ordres du Commandant FAUREZ ; 190 hommes des francs-tireurs de la Presse, sous les ordres du Capitaine BOULEAU ; et 50 soldats du génie sous les ordres du Capitaine LAURENT.

 

D'autres troupes sont au sud du Bourget : elles ne se battront pas. Les Prussiens se déploient dans la plaine : les Mobiles sont en première ligne.

 

Vers 7h00 le bombardement recommence. Les obus prussiens tirés par 40 canons font des ravages dans les troupes françaises et sur les maisons du village. Les deux canons basés au sud du BOURGET font route vers la barricade nord.  Après avoir regardé la plaine vers le PONT-YBLON, l'officier commandant ces pièces a compris que seul il ne pourrait contenir le feu des 40 canons et tenir la position : il fait alors demi-tour avec ses hommes. (11)

 

Cela fait maintenant 2 heures que les canons prussiens crachent leurs feux : aucune réponse de l'artillerie des forts de ROMAINVILLE et de ROSNY. Aucun renfort n'arrive. Pas un ordre du Gouverneur. Le BOURGET et ses futurs héros sont abandonnés à eux-même.

 

Après une heure de déploiement, l'ennemi s'avance du côté droit du BOURGET qu'il déborde. Vers 9h00, l'ennemi attaque le village sur trois fronts : DUGNY, Le PONT-YBLON, et Le BLANC-MESNIL.

 

Pour la défense du haut du BOURGET on trouve le 14ème  bataillon des mobiles de la Seine. A gauche et au centre, une partie du 28ème  de marche. Le 12ème  bataillon des mobiles de la Seine tient la droite. Au bas du village est posté le restant du 28ème  de marche.

 

Sur la gauche, côté DUGNY, des petites barricades sont gardées par les grenadiers et des mobiles. Les francs-tireurs vont où ils veulent, sans ordre, et se répandent un peu partout. Les soldats de la défense du BOURGET qui s'étaient cachés dans les ruines, reprennent leurs postes de combat.

 

La fusillade éclate mais n'arrête pas l'ennemi qui, par un stratagème de bonds, avance vers le BOURGET. Dans la plaine, même un simple tas de fumier sert de lieu de rassemblement à toute une compagnie et permet un feu destructeur contre les Français : les pertes sont énormes…

 

En lignes d'attaque fines et longues, commandées par le Lieutenant-colonel Comte WALDERSEE, l'ennemi réussit une charge en tirailleurs jusque sous les murs des jardins, et  pénètre derrière le village vers 8h30. Les colonnes de droite et du centre atteignent le village une demi-heure plus tard.

 

9h00: la fusillade française a été efficace sur le centre ennemi, mais pas sur la droite ni sur la gauche. Il serait facile de cribler de balles les assaillants, mais les désertions des mobiles ont réduit considérablement le nombre des combattants. Les Prussiens pénètrent par flot dans les brèches ouvertes dans les défenses.

 

Un cri retenti : " Nous sommes cernés ! Les Prussiens sont en bas de la côte." Les fermes sont enlevées à la baïonnette, au corps à corps. C'est un carnage : les blessés et les tués jonchent le sol…

 

Les soldats abandonnent les créneaux : les uns se réfugient dans les maisons, les autres tentent de fuir. Le combat dans les rues commence, maison par maison, étage par étage : c'est une lutte sans merci, au corps à corps (12). Il est maintenant impossible de sortir du BOURGET : tous les accès sont sous le contrôle des Prussiens.

 

Il n'y a plus de commandement pour organiser la résistance française. Le Colonel LAVOIGNET, remplacé par le colonel MARTIN, a quitté la place : son exemple n'a pas tardé à être imité par plusieurs autres officiers supérieurs, notamment le Lieutenant-colonel ROUSSAN et le Commandant JACOB. Quant au Commandant ROLLAND, commandant le bataillon des francs-tireurs de la Presse, "il n'était pas au Bourget, le dimanche"... Pourquoi ? (13)

 

Les Commandants Ernest BAROCHE (du 12ème  mobiles de la Seine) et BRASSEUR (du 28e  de marche), résolus à mourir, commencent à disposer les défenseurs du BOURGET. Ce n'est pas une mince affaire, car il faut récupérer les armes correspondantes aux différents soldats qui étaient entassés dans les maisons.

 

C'est dans le chaos que les deux Commandants héroïques ramènent un certain ordre. BRASSEUR se charge du côté ouest (comprenant l'église et ses abords), BAROCHE du côté Est. Ils donnent des ordres pour un repli éventuel. Leurs deux derniers points de résistance ont été : pour BRASSEUR l'église et les bâtiments limitrophes, pour BAROCHE une grande construction, près de la Molette. Devant ce bâtiment, la défense d'un pavillon est confiée au capitaine O'ZOU de VERRIE. 

 

Personne ne peut emprunter la grande route du village en raison de la mitraille prussienne. Les balles sifflent : on ne peut même pas sortir des bâtisses. Les canons des forts de PARIS, jusque là muets, tirent leurs gros obus sur le BOURGET, touchant Français comme Prussiens.

9h30: le Général prussien De BUDRITSKI, commandant les colonnes d'assaut, furieux de la résistance des Français, saisis le drapeau du régiment "Reine Elisabeth" et se précipite sur la barricade : avec de gros sacrifices, il enlève la barricade.

 

Le colonel WALDERSEE est tué dans la grande rue, par un éclat d'obus. Les soldats français, livrés à eux-mêmes, offrent une vigoureuse résistance… Mais dans ce fracas de fer et de feu, on ne peut que mourir ou se rendre.

 

Une à une, les maisons et les fermes tombent à la baïonnette, malgré l'héroïque défense des soldats encore valides. C'est la guerre dans toute son horreur : partout des hommes mutilés, écrasés, méconnaissables, des cadavres çà et là.

 

Derrière la grande barricade, des monceaux de Prussiens : leurs tentatives d'assaut leur coûtent cher… En dépit de cela, l'ennemi avance dans les ruines du village, vers l'église. La lutte se déroule bataillon contre bataillon, mais les soldats défenseurs tiennent les positions.

 

Dans l'église, les voltigeurs* de l'ex-garde impériale se refusent à toute capitulation. De toute part le feu ennemi fait rage : les obus tombent par le toit, ravageant le mobilier sacré, et faisant de nombreuses victimes parmi les réfugiés. Ces derniers sont fusillés par le haut : les Prussiens s'étant hissés sur le toit avec des échelles, ils tirent à coup sûr par les fenêtres. Une poignée d'hommes tient l'ennemi en échec. Par manque de munitions les quelques voltigeurs

 

survivants sont fais prisonniers après une lutte acharnée à l'intérieur de l'église. Ils sont tous blessés. Il est 11h30. (14)

 

Pendant ces combats, des mouvements de troupes s'effectuent au sud du Bourget. C'est le moment de réunir le plus de troupes possibles, et de disputer la droite du Bourget à l'ennemi, de réorganiser et de diriger la résistance. Une information parvint, le village est menacé au sud-est par des forces considérables. Puis une autre information de même type disant que l'infanterie Prussienne se trouvait sur la droite. Des officiers quittaient les positions tenues avec leurs hommes, d'autres sont pris de débandade. A ce moment là, il, n'était plus possible d'entrer dans le village pour ceux qui voulaient défendre et combattre cette terre.

Le général De BELLEMARE sentant sa responsabilité engagée pour avoir laissé sans soutient les combattants du BOURGET, prescrit à son chef d'état-major d'amener au pas de course toutes les troupes disponibles de Saint-Denis: personne ne viendra au Bourget.

 

De BELLEMARE ne peut plus reconquérir le village avec ses troupes démoralisées. A 11h30,  il enjoint aux hommes de rentrer à Saint-Denis : les braves du BOURGET vont encore se battre pendant deux heures. A ce moment, les mobiles de BAROCHE, entraînés par la vaillance de leur chef et l'exemple du 28 e de BRASSEUR se battent en désespérés.

 

BAROCHE est contraint de rentrer dans le grand bâtiment qu'il défend. De l'emplacement il fait le coup de feu avec des chassepots (du nom de son inventeur, fusil à aiguille en usage dans l'armée française 1866-1874)  que lui passent les mobiles. Atteint une première fois à l'œil par un éclat de pierre, il refuse de se faire soigner : il se contente de mettre son mouchoir, en bandeau sur sa blessure en guise de pansement, et continue à tirer. Il croit toujours qu'on ne les abandonnera pas : ce n'est pas un militaire, mais un industriel devenu soldat. A ses hommes, il demande de tenir.

 

BAROCHE sort du grand bâtiment pour gagner le pavillon défendu par le capitaine O'ZOU de VERRIE. Il veut exhorter les mobiles à vendre chèrement leur vie et à ne pas quitter leur glorieux poste. C'est en passant  près de la grille de la grande rue, qu'une balle le frappe en plein cœur, il tombe comme une masse, sans un cri, il est mort. Il a préféré se faire tuer plutôt que de rester vivant aux mains de l'ennemi (15). Ce brave commandant est mort en héros.

 

Bien que des forces soient proches du BOURGET, aucun commandement ni aucune initiative ne sont pris pour prêter main forte aux défenseurs du BOURGET :  ils mourront…

L'artillerie française tire sur le village du BOURGET sans égard pour les leurs. Les combats dans certains endroits (fermes et jardins) durent jusqu'à 13h00. Partout, les grenadiers et chasseurs prussiens ne font pas de quartier (16). Mais la mort du commandant BAROCHE n'a pas découragé les mobiles.

 

Le capitaine CAVALLINI est blessé, le capitaine AÏEN est tué :, le capitaine O'ZOU de VERRIE  prend le commandement de ce qui reste du bataillon. Après une mêlée furieuse à coups de crosse et de baïonnette, tout le terrain est aux mains des Prussiens, sauf quelques nids de défenses. Les combats pour déloger les derniers hommes durent. Les vrais défenseurs du BOURGET sont morts ou prisonniers (17).

Les Prussiens viennent enfin à bout de la résistance française à 14h00.

 

Il ne restait que 3 Officiers Supérieurs pour défendre le BOURGET : Les commandants BRASSEUR, BAROCHE et O'ZOU. Tous les autres, Colonels, Lieutenant–Colonels et Commandants avaient "bravement" suivi les fuyards. D'autres sont hors de combat, blessés ou tués…

 

Qu'est devenu le commandant Amédée ROLLAND ? Il ne se trouve pas au BOURGET...

 

Le village du Bourget ne faisait pas partie du système général de défense. Son occupation  était d'une importance secondaire (18).

 

"Que de victimes ont payé de leur vie une imprévoyance." (19).

 

De la prise du BOURGET, découle une insurrection, le 31 octobre 1870 : La Commune est proclamée par le journal "La Vérité".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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