La Gazette
Le Bourget
La Gazette des Absents: Créée à l'initiative de D. JOUAUST, surtout destinées à montrer en Province que Paris assiégé conserve un bon moral, malgré les Prussiens. Les actions militaires sont quasiment toujours victorieuses, les provisions sont abondantes etc.
La Gazette des Absents (numéro 3)
N° 3, Samedi 29 Octobre 1870
MERCREDI, 26 octobre 1870. -- RAPPORTS MILITAIRES : 25 Octobre .
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Volontaires. Les bataillons de volontaires de la Garde Nationale se forment avec activité. Les combats livrés autour de Paris nous donnent chaque jour de nouvelles preuves de la discipline et du courage de la garde mobile. Les Prussiens sont tout étonnés de la résistance de ces soldats improvisés, qu'ils traitent d'écoliers avant de s'être mesurés avec eux.
JEUDI, 27 octobre. - Pas de rapport militaire. Il a plu toute la journée du 25, et aucun engagement n'a été signalé.
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N° 4, Mardi 1er Novembre 1870
SAMEDI, 29 octobre 1870. -- RAPPORT MILITAIRE : 28
Octobre, 7 h. soir. Ce matin, avant le jour, le général de Bellemare a fait exécuter une surprise sur le Bourget par les francs-tireurs de la Presse. Après une fusillade d’une demi-heure, l’ennemi a été débusqué du village et rejeté en arrière du ruisseau de la Morée, vers le pont Iblon. Dans la journée, trente pièces d’artillerie et des forces considérables d’infanterie ennemies sont descendues de Gonesse et d’Écouen. Leur feu n’a pu faire quitter le Bourget à nos hommes (deux bataillons de soutien), et, après une canonnade de plusieurs heures, la plus grande partie du corps ennemi s’est repliée vers le nord. Nos tirailleurs sont restés placés en avant du village, à la hauteur de la route N° 20, venant de Dugny à la route de Lille. Le gros de nos troupes est resté dans le village du Bourget, qu’elles vont mettre en état de défense. Drancy a été également occupé, sans que l’ennemi ait tenté de se défendre. Il a laissé entre nos mains quelques prisonniers, des sacs et des armes.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Correspondance photographique.
On s'occupe très sérieusement, à l'administration des postes d'appliquer à la correspondance privée le système des dépêches photographiées, employé par le gouvernement. On enverrait de Paris une série de questions aux quels les pigeons apporteraient les réponses réunies sur un petit papier par le procédé photographique. On estime qu'un seul pigeon pourrait rapporter jusqu'à vingt mille réponses.
Les Lettres prussiennes. Toutes les lettres trouvées sur les blessés prussiens sont unanimes sur ce point, que l'ennemi a été fort étonné de notre résistance, et les réflexions qu'elle lui inspire sont empreintes d'une mélancolie qui ressemble un peu au découragement.
DIMANCHE, 30 Octobre, 1870. - RAPPORTS MILITAIRES :
Saint-Denis, 28 Octobre. (Ce rapport, du général de Bellemare, est l'amplification de celui qu'on a lu plus haut. Le général appuie sur la précision et la vigueur avec laquelle les francs-tireurs de la Presse ont exécuté le mouvement qui leur a été commandé, et déclare hautement qu'il n'a eu qu'à se louer du sang-froid et de l'énergie de nos troupes. Il conclut ainsi son rapport : ) La prise du Bourget, audacieusement attaqué, vigoureusement tenu, malgré la nombreuse artillerie de l'ennemi, est une opération peu importante en elle-même ; mais elle donne la preuve que même sans artillerie, nos jeunes troupes peuvent et doivent rester sous le feu plus terrifiant que véritablement meurtrier de l'ennemi. Elle élargit le cercle de notre occupation au-delà des forts, donne de la confiance à nos soldats et augmente les ressources en légumes pour la population parisienne. Nos pertes, que je ne connais pas encore exactement, sont minimes (tout au plus une vingtaine de blessés et quatre ou cinq tués). Nous avons fait quelques prisonniers. - P. S. 29 Octobre, 6 h. matin. Hier, à 7h.1/2, l'ennemi essaya une attaque à la baïonnette à la gauche du village. Reçu à bout portant par une compagnie du 14e mobile, il s'enfuit à la première décharge, laissant deux blessés entre nos mains. A la faveur de la nuit, il put emporter les autres blessés et les morts, parmi lesquels on m'assure que se trouve un officier. (Cette attaque nous a coûté 2 tués et 7 blessés.) Les blessés prisonniers ont déclaré que nous avions eu devant nous, dans la journée d'hier deux régiments de la garde et quatre batteries d'artillerie. La nuit a été calme ; rien de nouveau ce matin. - 29 Octobre, 7 h. matin. A la suite du rapport adressé ce matin, le général de Bellemare a envoyé vers midi la dépêche suivante : « Le feu continue par intermittence, comme hier. Pas d'attaque d'infanterie, nous sommes en très bonne position ; nous tenons et nous y restons. Les résultats du combat d'hier au soir ont été importants ; le terrain en avant de nos tirailleurs est couvert de cadavres prussiens ; un de leurs officiers, blessé, est prisonnier.» Dans l'attaque, le feu des batteries a cessé, et elles se sont repliées vers Gonesse.
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Que sera demain
N° 5, Samedi 5 Novembre 1870
MARDI, 1er novembre 1870. -- Le 31 octobre comptera parmi nos jours d'angoisse. La malheureuse affaire du Bourget, la nouvelle de la capitulation de Metz, les renseignements un peu inquiétants de la province, qui parait vouloir plutôt localiser sa défense que constituer des grands corps d'armée pour venir au secours de Paris, toutes ces circonstances réunies jettent dès le matin la population dans une émotion indescriptible. Le trouble résultant de ses nouvelles se trouve encore augmenté par une fausse interprétation donnée à la proposition d'armistice que M. Thiers apporte au nom des Puissances neutres. Certaines personnes veulent y voir le commencement des négociations de paix, et vont jusqu'à prononcer le mot de trahison. A partir de midi, la place de l'Hôtel de ville est envahie par la foule et par des compagnies de garde nationale, qui arrivent aux cris de : Vive la Commune ! Pas d'armistice ! Le mouvement populaire, dirigé par MM. Flourens et Félix Pyat, aboutit à des scènes de désordre dont le Journal officiel fait mention ce matin dans les termes suivants : «L'Hôtel de ville, envahi dans la journée pendant la délibération des membres du Gouvernement, a été délivré cette nuit, grâce au concours empressé de la garde nationale et de la garde mobile, sans effusion de sang. »
Une commission des élections, constituée en dehors du Gouvernement de la défense nationale, ayant convoqué les citoyens pour élire aujourd'hui même la municipalité, le Journal officiel prévient dès ce matin que les élections n'auront pas lieu, et dans la journée une affiche, signée Jules Favre, annonce que «la population de Paris votera jeudi prochain, par oui ou par non, sur la question de savoir si l'élection de la municipalité et du gouvernement aura lieu à bref délai.»
MERCREDI, 2 Novembre. - La Journée du 31 Octobre. Le Journal officiel donne aujourd'hui le récit qu'il annonçait hier. Ne pouvant le reproduire en entier, nous en donnons les principaux passages : - «Hier, le Journal officiel a appris aux Parisiens la nouvelle de la
capitulation de Metz ; le Gouvernement n'avait connu ce désastre que la veille dans la soirée ; fidèle à ses habitudes de sincérité absolue, il l'a publiée en la recevant. Il annonçait en même temps que l'ennemi avait repris le Bourget. Enfin, événement beaucoup plus grave, mais d'une nature bien différente, il mentionnait la proposition d'un armistice faite aux belligérants par
les quatre grandes puissances : l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et l'Italie. Une partie de la population s'est persuadé que cette négociation ainsi introduite, non par nous, ni par l'ennemi, mais par les grandes puissances européennes, était l'indice d'une arrière-pensée de capitulation. De cette erreur, de ces nouvelles ainsi rapprochées, etc. née une émotion
profonde qui, dès la nuit précédente, s'était manifestée par des attroupements sur le boulevard, et qui, vers deux heures de l'après-midi, dans la journée du 31 octobre a jeté sur la place de l'Hôtel de ville une foule composée de plusieurs milliers de personnes.
- A la suite de ces attroupements, un grand scandale s'est produit. L'Hôtel de ville a été envahi, un comité de salut public a été proclamé, les membres du Gouvernement ont été retenus pendant plusieurs heures comme otages.
Vers huit heures du soir, le général Troch, M. Emmanuel Arago et M. Jules Ferry, étaient arrachés des mains de la sédition par le 106ème bataillon de la garde nationale, commandant Ibos. Mais M. Jules Favre, M. Garnier-Pagès, M. Jules Simon, le général Tamisier et le commandant du 106e demeuraient prisonniers. - Ce n'est que vers trois heures du matin que ces scènes lamentables ont pris fin par l'intervention des bataillons de la garde nationale,
accourus en nombre immense autour de l'Hôtel de ville sous la direction de M. Jules Ferry. Les cours intérieures ayant été occupées par la garde mobile, plusieurs détachements du 106 èmebataillon de la garde nationale, du 4èmee, et les carabiniers du capitaine de Vresse, ont fait
évacuer les salles envahies, tandis qu'au dehors, les gardes nationaux qui remplissaient la place, les quais, et la rue de Rivoli, accueillaient par d'immenses acclamations le général Trochu, passant sur le front des bataillons.» - Le Gouvernement annonce ensuite qu'il va consulter la population pour savoir si elle lui maintient sa confiance. L'acclamation du 4 septembre ne lui suffit plus, il demande la considération du suffrage universel. « Si le suffrage universel prononce contre le Gouvernement actuel, dans les vingt-quatre heures la population sera mise à même de le remplacer. S'il décide, au contraire, qu elle pouvoir restera dans le mêmes mains, les hommes qui le tiennent aujourd'hui le conserveront avec cette consécration nouvelle. Mais, pour que personne ne se trompe sur le sens du scrutin qui va s'ouvrir, ils déclarent avant l'élection que la journée du 31 octobre doit être la dernière journée de tout le siège ; qu'il n'accepteront désormais le pouvoir que pour l'exercer dans la plénitude et même dans sa rigueur ; qu'ils ne souffriront plus qu'aucun obstacle leur vienne du dedans.»
JEUDI, 3 octobre .
Décret contenant cinq nouvelles révocations de chefs de bataillon de la garde nationale.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Le vote d'aujourd'hui. C'est aujourd'hui que nous devons répondre à la question de confiance qui nous est posée par le Gouvernement. Toutes les mesures sont prises pour que l'ordre soit maintenu pendant le scrutin de demain. La garde
nationale est animée du meilleur esprit, et la garde mobile a fait savoir au Gouvernement qu'il pouvait compter sur elle. C
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N° 6, Mercredi 9 Novembre 1870
DIMANCHE, 6 novembre. - Rejet de l'armistice. Il est annoncé ce matin en ces termes par le Journal officiel : «Les quatre grandes puissances neutres, l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et l'Italie, avaient pris l'initiative d'une proposition d'armistice à l'effet de faire élire une assemblée nationale. Le Gouvernement de la défense nationale avait posé ses conditions,
qui étaient le ravitaillement de Paris et le vote pour l'assemblée nationale par toutes les populations françaises. La Prusse a expressément repoussé la condition du ravitaillement ; elle n'a d'ailleurs admis qu'avec des réserves le vote de l'Alsace et de la Lorraine. Le Gouvernement de la défense nationale a décidé à l'unanimité, que l'armistice ainsi compris devait être repoussé.» Quoique l'armistice fût généralement désiré, et que, pour plusieurs personnes la nouvelle de ce matin ait été une déception, le public n'a pas paru vivement ému. On comprend que la Prusse a mis tous les torts de son côté, et le sentiment de notre bon droit nous donne confiance. La Prusse est dans la voie des fautes ; depuis Sedan elle en a commis trois très graves. La première a été de marcher sur Paris au lieu de se retrancher dans l'Alsace et la Lorraine, dont nous n'aurions peut-être pas su la chasser. La seconde a été le rejet des propositions de M. Jules Favre, rejet injurieux pour Paris, qui s'est soulevé d'indignation, et dont l'enthousiasme patriotique a puissamment contribué à l'organisation de la défense. La troisième faute a été commise aujourd'hui par le refus de l'armistice dans les termes où le demandait la France.
Ce refus, en même temps qu'il est une insulte aux quatre puissances neutres, rend la Prusse responsable, aux yeux de l'Europe entière, des suite d'une guerre odieuse qui n'a plus sa raison d'être. Si les pays intervenants ont le sentiment bien net de leur dignité dans le présent et de leur sécurité pour l'avenir, ils devront renouveler leur intervention dans des termes impératifs, et l'appuyer ensuite par des actes, si ce second appel n'est pas écouté. Mais ne nous leurrons pas de l'espoir d'un secours extérieur ; ne comptons que sur nous-mêmes, sur notre courage, et sur les fautes nos ennemis.
Espérons aussi que la province, éclairée enfin sur les coupables projets de la Prusse, va comprendre qu'elle ne peut pas laisser ainsi décapiter la France, et se lever en masse pour se sauver elle-même en volant au secours de Paris. - Les Armées de Paris. Le Journal officiel
donne la composition des trois armées formées pour la défense de Paris. Le commandant en chef des forces militaires est le général Trochu. La première armée, composée de la garde nationale, infanterie, artillerie et cavalerie, est commandée par le général Clément Thomas ; la deuxième comprend trois corps d'armée sous les ordres des généraux Vinoy, Renault et d'Exéa ; la troisième, composée de sept divisions, est placée sous le commandement spécial du gouverneur de Paris.
Les Arrestations. Le Gouvernement ayant fait arrêter après le vote du 3 novembre un certain nombre des auteurs de l'attentat du 31 octobre, plusieurs journaux avaient réclamé contre l'inopportunité de cette mesure.
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N° 7, Samedi 12 Novembre 1870
MERCREDI, 9 novembre 1870. -- RAPPORT MILITAIRE : Novembre, 6 h. 1/2 soir. L'ennemi est inquiété jour et nuit dans ses positions. Dans ce but, Bicêtre, les Hautes-Bruyères, Vanves et le Mont Valérien, ont, la nuit dernière, lancé dans ses lignes des obus à grande portée. Dans la journée, le Mont Valérien et le 6e secteur se sont concertés pour empêcher les travaux de l'ennemi à Montretout et atteindre ses réserves jusqu'à Garches et Ville-d'Avray. D'un autre côté, des renseignements certains ayant fait connaître que le feu des forts avait causé à l'ennemi, en un seul jour, dans le village du Bourget une perte de 36 officiers et 400 hommes, ordre a été donné de concentrer de nouveau les feux sur ce point. Parmi les morts se trouvaient deux colonels, dont l'un commandant le régiment de la garde dit le régiment de la reine.
ACTES OFFICIELS. Décret concernant la nouvelle composition des bataillons de la garde nationale :
Art. 1er. Chaque bataillon de la garde nationale sera composé, suivant son effectif, de huit à dix compagnies.
Art. 2. Les quatre premières compagnies, dites compagnies de guerre, auront chacune un effectif de 100 hommes, cadre compris, dans les bataillons où l'effectif est de 1,200 hommes et au-dessous, et de 125 hommes, cadre compris, dans les bataillons ayant plus de 1,200 hommes. Ces bataillons seront fournis par les hommes valides des catégories ci-dessous, en suivant l'ordre des catégories, et en ne prenant dans l'une d'elles que lorsque la catégorie précédente aura été épuisée :
1e volontaires de tout âge ;
2e célibataires ou veufs sans enfants de 30 à 35 ans ;
3e célibataires ou veufs sans enfants de 35 à 45 ans ;
4e hommes mariés ou pères de famille de 20 à 35 ans ;
5e hommes mariés ou pères de famille de 34 à 45 ans. –
Art. 3. Les autres compagnies, destinées au service de la défense, ayant autant que possible un effectif uniforme, comprendront le reste du bataillon. Elles constitueront le dépôt et fourniront
les hommes nécessaires pour combler les vides faits dans les compagnies de guerre. (Le reste du décret n'a trait qu'à l'organisation.) - Ce décret a besoin d'être bien compris. Il ne crée pas de nouveaux bataillons, mais réorganise, sur la base de distinctions nouvelles, ceux qui existaient déjà. Seulement, il devra être modifié dans l'application. L'intention du gouvernement est évidemment de faire marcher les célibataires en première
ligne. Or les anciens bataillons se composent presque uniquement de gens mariés, tandis que les nouveaux contiennent un grand nombre de célibataires. Il faudra donc nécessairement, pour rester fidèle à l'esprit du décret, rétablir l'équilibre en faisant des versements d'un bataillon dans l'autre. == Arrêté du ministre de l'agriculture faisant réquisition de toutes les bêtes à cornes et à laine existant dans Paris, sous peine de confiscation pour défaut de déclaration dans les délais fixés. == Avis des délégués de la Mairie de Paris requérant les matières salpêtrées qui existent sur les monuments publics et les maisons privées.
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N° 8, Mercredi 16 Novembre 1870
DIMANCHE, 13 novembre. - RAPPORTS MILITAIRES : 12 novembre.
Dépêche reçue de Vendôme, 7 novembre, indiquant les positions des Prussiens entre Orléans et Chartres, et annonçant la capture de l'un de nos ballons par l'ennemi.
ACTES OFFICIELS.- Décret appelant à l'activité les jeunes gens de 25 à 35 ans,célibataires ou veufs sans enfants, du département de la Seine.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - L'Armistice. Le Journal officiel de ce matin déclare que «les bruits d'un armistice dont la négociation de continuerait à Versailles ne reposent sur aucun fait que le Gouvernement puisse contrôler : l'impossibilité absolue où le place l'ennemi de communiquer avec son envoyé.
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La Gazette des Absents (numéro 9)
Samedi 19 Novembre 1870
MERCREDI, 16 novembre 1870. -- RAPPORT MILITAIRE :
Une reconnaissance, conduite hier avec habileté par le commandant Poulizac, du 1er régiment des éclaireurs, a chassé l'ennemi de ses avancées du côté de Drancy. Le capitaine de Kergalec a chargé avec M. De Versinville, à la tête des éclaireurs à cheval, et a fait plusieurs prisonniers. Le Mont Valérien a tiré pendant une partie de la nuit sur Saint-Cloud, Montretout et Rueil.
ACTES OFFICIELS. - Décret acceptant la démission de M. Etienne Arago, maire de Paris, et nommant à sa place M. Jules Ferry en qualité de délégué à la mairie centrale. M. Arago ayant pensé lui-même que la mairie centrale n'était plus compatible avec la situation nouvelle,
c'est avec un regret extrême que le Gouvernement a dû se séparer de lui.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS.
Les Ballons-poste. Des deux aérostats partis samedi dernier, l'un, le Daguerre, monté par l'ingénieur Piéron, serait, dit-on, tombé entre les mains des Prussiens près de Ferrières, et la nouvelle en aurait été apportée à Paris par cinq pigeons sauvés du naufrage. Quant à l'autre
ballon, le Niepce, monté par M. Dagron, qui emportait les instruments nécessaires pour organiser la photographie postale à Clermont-Ferrand, on n'en a pas encore eu de nouvelles.
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N° 10, Mercredi 23 Novembre 1870
SAMEDI 19 Novembre 1870. -- Pas de rapport militaire.
Ordre du Gouverneur de Paris renouvelant la défense expresse de passer les avant-postes, l'ennemi tirant maintenant d'une manière continue sur des hommes sans armes et même sur des femmes et des enfants. En effet, des personnes qui ramassaient des légumes dans la plaine
de Bondy ont été tuées ou blessées en assez grand nombre.
DIMANCHE, 20 novembre.- RAPPORT MILITAIRE : 19 novembre, soir.
Ordre du gouverneur de Paris au sujet des relations qui tendent à s'établir entre nos avant-postes et les avant-postes prussiens. C'est avec autant de surprise que d'indignation que le général Trochu a appris ces graves infractions à la discipline militaire ; il compte sur le patriotisme et l'honneur de l'armée pour que de semblables désordres ne se reproduisent plus.
- L'Alimentation. Aujourd'hui que la viande de boucherie nous est donnée à doses homéopathiques, nous nous attaquons à tout ce qui vit et qui respire, et notre excursion gastronomique à travers toutes les bêtes de la création nous a réservé bien des surprises. Ainsi l'âne et le mulet, que l'on croyait durs parce qu'ils sont entêtés, se trouvent être une chair tendre et délicate ; le rat, si mal famé auprès de notre odorat, est un des mets les plus savoureux. Par exemple, le chien paraît justifier sa dureté proverbiale, mais on la lui pardonne
en faveur de l'appoint qu'il vient apporter à notre nourriture. Quant au chat, nous en avions tous déjà mangé, et nous feignions de l'ignorer. Que voulez-vous, il faut bien se livrer à cette chasse universelle, quand des denrées qui passaient pour ordinaires montent au rang de mets de grand luxe et cotent des prix fabuleux. Citons-en quelques-uns à titre de curiosité historico- culinaire :
l'âne et le mulet valent de 6 à 8 fr. le kilog. ; une oie se paye de 25 à 30 fr. ; un beau poulet, 15 fr. ; une paire de lapins, 30 fr. ; le jambon, quand il s'en trouve, 16 fr. le kilog. ; une belle carpe, 20 fr. ; le boisseau de pommes de terre, 6fr. ; un chou, 1 fr. 50c. ; le beurre frais, 40 fr. le kilog. Au milieu de tout cela, l'on mange ce qu'on peut, et l'on accepte gaiement la chose. La résignation, d'ailleurs, est d'autant plus facile qu'on se porte beaucoup mieux qu'au temps de l'abondance, et que jamais l'état général de la santé publique, sauf les cas de variole, n'a été plus satisfaisant. - La viande salée. Nous tirons d'une conférence de M. Bouchardat le renseignement suivant :
Pour que la viande salée puisse déterminer le scorbut, il faut en user pendant plus de temps que nous ne le ferons ; et d'ailleurs, le vin, qui ne nous fera jamais défaut, et le meilleur correctif de ce genre de nourriture.
LUNDI, 21 novembre. - RAPPORT MILITAIRE : 20 novembre, soir.
Le feu a été très vif, pendant une partie de la nuit, contre les positions du Bourget. Des combats heureux d'avant-postes ont lieu hier à Villetaneuse. Le gouverneur de Paris, ému des tristes événements qui se sont passés dans les journées des 18 et 19 novembre dans la plaine de Bondy, a demandé des rapports circonstanciés aux commandants des avant-postes les plus
rapprochés de l'ennemi. Les nouvelles informations ont confirmé les premiers renseignements qui ont été portés à la connaissance du public. Elles ont fait connaître en outre, un nouvel exemple des inconvénients qu'amènent devant nos lignes de semblables désordres exploités par l'ennemi. Le 19 novembre, à 8 heures du matin, des Prussiens, revêtus de blouses et de pantalons de toile, dissimulant leurs armes, et favorisés par la foule des maraudeurs qui couvraient la plaine, se sont glissés le long de la berge du canal de l'Ourcq, et on tiré presque
à bout portant sur une sentinelle avancée du 1er régiment d'éclaireurs, à nos premiers retranchements.
Arrêté du gouverneur de Paris interdisant tout affichage et placards de journaux, feuilles publiques ou écrits politiques de même nature.
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N° 12, Mercredi 30 Novembre 1870
SAMEDI 26 Novembre 1870. -- RAPPORT MILITAIRE
supplémentaire relatif à l'affaire de Bondy. Les compagnies de marche du 72 ème bataillon de la garde nationale, qui voyaient le feu pour la première fois, ont soutenu l'action avec un sang-froid et une énergie remarquables. Ont été blessés : le commandant Massion, et MM. Lefranc, Pain, Noisan et Geslain.
Décrets : portant réquisition des huiles de pétrole épurées existant dans les magasins publics et privés ; - ordonnant le recensement général des chevaux, ânes et mulets, et défendant qu'il en soit vendu sans une notification préalablement faite.
Avis du gouverneur prévenant le public qu'à partir du dimanche matin 27 novembre, les portes de Paris seront jusqu'à nouvel ordre, fermées à la circulation, et ne s'ouvriront que pour le service militaire.
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N° 13, Samedi 3 Décembre 1870
MERCREDI 30 Novembre 1870. --
ACTES OFFICIELS. - Décrets : interdisant aux journaux tout compte rendu d'opérations militaires et d'actes de guerre sous peine de suspension, et réquisitionnant les viandes de porc salé et denrées de charcuterie existant chez les charcutiers et marchands de comestibles.
Avis du Gouvernement. Le Gouvernement invite le public à se tenir en garde contre les bruits qui pourraient circuler. Les opérations militaires entreprises par le Gouverneur de Paris sont complexes ; elles comportent de feintes attaques et des feintes de retraites. Il est donc impossible de rien préjuger en annonçant la prise ou l'évacuation de tel ou tel poste. Les indications de cette nature pourraient parvenir à l'ennemi et lui dévoiler nos desseins. Les mouvements préparatoires ont été accomplis par nos troupes avec un courage et un entrain qui remplissent leurs chefs d'espoir et de confiance.
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N° 13, Samedi 3 Décembre 1870
MERCREDI 30 Novembre 1870. --
ACTES OFFICIELS. - Décrets : interdisant aux journaux tout compte rendu d'opérations militaires et d'actes de guerre sous peine de suspension, et réquisitionnant les viandes de porc salé et denrées de charcuterie existant chez les charcutiers et marchands de comestibles.
Avis du Gouvernement. Le Gouvernement invite le public à se tenir en garde contre les bruits qui pourraient circuler. Les opérations militaires entreprises par le Gouverneur de Paris sont complexes ; elles comportent de feintes attaques et des feintes de retraites. Il est donc impossible de rien préjuger en annonçant la prise ou l'évacuation de tel ou tel poste. Les indications de cette nature pourraient parvenir à l'ennemi et lui dévoiler nos desseins. Les mouvements préparatoires ont été accomplis par nos troupes avec un courage et un entrain qui remplissent leurs chefs d'espoir et de confiance.
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N° 24, Samedi 7 Janvier 1871
JEUDI, 5 Janvier 1871. -- RAPPORTS MILITAIRES :
4 janvier, 11 heures matin. Ce matin, vers quatre heures, un détachement ennemi s'est avancé en avant de la ferme des Mèches pour la surprendre ; il a été reçu par une vive fusillade, et les hommes se sont sauvés au pas de course, en enlevant plusieurs blessés. Une demi-heure plus tard, une patrouille ennemie a été surprise par les éclaireurs du 139ème d'infanterie de ligne, et a laissé entre nos mains trois prisonniers. L'ennemi a canonné Montreuil pendant une partie de la nuit. Il a également tiré sur Bondy très vivement, mais sans résultat appréciable. 4 janvier, soir. Le bombardement des forts de l'Est a continué aujourd'hui. Le fort de Nogent a reçu plus de 1200 obus, qui n'ont pas produit plus d'effets que les jours précédents.
VENDREDI, 6 janvier. - RAPPORTS MILITAIRES : 5 janvier matin.
5 janvier soir Bondy et les forts de l'Est ont été bombardés sans aucun résultat de 8 h. du matin à 4 h. 1/2 du soir. « Toute la journée, le fort d'Issy, le fort de Vanves et le fort de Montrouge ont été bombardés avec la plus extrême violence par des pièces de gros et de petit calibre. On a recueilli des obus qui n'avaient pas éclaté et qui mesuraient 0m.22 de diamètre et 0m.55 de hauteur.